Vous êtes ici

12 septembre 1205 - point du jour

Livre: 

Xavier et Emilio. Ainsi se nomment les deux caïnites venus nous rendre visite la nuit du 7, au camp de notre troupe au début de cette nuit. Ils disent représenter Los Furores. Puisque nous sommes connus pour avoir été acteurs  de la fin de Michel à Constantinople, ils nous ont proposé de nous joindre à leur  lutte contre l’ordre en place.  Après avoir questionné nos hôtes, nous avons compris  qu’il font partie d ’un tissu informel de petits groupes de caïnites sans chef,  implantés à la périphéries de plusieurs cités de la péninsule. Intrigués par cette  subite demande, nous nous sommes interrogés sur la pertinence d’un accord à  passer avec ce groupe.

Un frisson démocratique s’est aussitôt emparé de notre petite communauté et tout  le monde y est allé de son opinion dans un long débat opposant partisants d’une  neutralité à but lucratif, de ceux qui, comme moi, sont prêt à choisir, sinon une  cause, au moins un camp. Je retranscris ici avec attention les arguments de chacun  car il m’a semblé que loin de faire apparaître les fragilités de notre coterie,  ces longs atermoiements ont au contraire un peu plus cimenté le coeur de Orbe Noctis.
Simon a d’abord proposé la dénonciation de ces individus au Prince pour en tirer  quelque profit, et proposer même nos services pour annihiler la menace. Nul n’approuva cette proposition: tant pour ne pas porter atteinte aux idéaux  d’Orbe Noctis, que pour éviter d’inutiles difficultés, sans réel profit.

Comme toujours, Inigo n’a pu laisser passer son tour sans développer longuement  sa vision mais, en résumé, il estime qu’un pacte de non agression avec Los Furores  irait à l’encontre du contrat en cours, point de vue partagé par Simon mais point du  tout par Abel, Sémi, Dimitri et moi, et nous entendions chacun émettre notre  contre-proposition détaillée. 

Sémi a plaidé pour un pacte de non agression circonscrit à Barcelona et ses environs,  engagement qui ne nous coûterait que peu, ayant prévu de quitter la Catalogne,  tout en indiquant ne pas partager leurs idéaux. Inigo abonde dans ce sens  tout en souhaitant taire ce que nous pensons de leur cause ainsi que la réalité  de notre implication dans les événements de Constantinople. Quelque peu opportuniste, Simon approuve cette proposition tandis que Dimitri s’abstient de  répondre (ce sera d’ailleurs sa position jusqu’au terme des débats). Abel s’est prononcé contre l’inutilité d’un tel choix. Quant à moi,  j’attendais avec faveur la proposition de mon maître de combat.

Et je fus bien avisée car Abel proposait une alliance, même floue avec Los Furores  afin de partager informations et opportunités commerciales tout en laissant  toute latutide à se combattre si les circonstances l’exigent. Inigo  s’insurgea contre cette idée, au nom du péril que pourraient encourir nos  intérêts (comptoirs, navires). Thierry et Sémi firent preuve de cohérence  en votant contre puisque soutenant le plan précédent. Ma pensée était, et demeure, que pour attirer plus de richesses, il ne faut pas  craindre de se positionner, d’intriguer voire prendre quelques risques.  C’est décevant, mais je ne fus pas plus entendue que Abel.
La proposition de Sémi fut donc choisie par trois voix contre deux. J’ai tout  de même obtenu de jouer le rôle de liaison avec Los Furores, si la nécessité  exige que nous nous mettions en rapport. Je me suis choisie l’identité de  «Le Zouave », nosferatu tatoué autour de l’oeil droit, pour endosser ce rôle, et nous en avons informé Xavier et Emilio que l’on peut désormais contacter par  l’intermédiaire de l’artisan Fletchero.

D’après les deux Furores, leurs alter-egos de Madrid sont fréquentables mais  leur présence est tenue au plus grand secret, tandis que nous devrions éviter  tout rapport avec les Furores de Zaragoza. A noter que le groupe est représenté  à Burgos par un Lasombra quelque peu idéaliste. Nous ignorons en quoi...
Nous avons passé le reste de la nuit à planifier notre départ pour Madrid, en  décidant de nous laisser encore 7 jours et 7 nuits. Nous quitterons donc  Barcelona le quatorzième de septembre, en direction de Zaragoza, Burgos puis  Madrid. Nous allons passer ce temps à effectuer des recherches de pouvoirs occultes  dans la bibliothèque, ainsi qu’à exercer nos talents.

Pour ma part, j’ai appris l’existence de deux aptitudes qui se rapportent  aux miens: la Faille mémorielle et le Baiser engourdissant du serpent. Mais  user et abuser des pouvoirs de la dissimulation m’intéresse tout autant.  Quoi qu’il en soit, il n’est pas temps pour moi de décider de cela: je ressens  dans mes veines que l’aurore approche. Il est temps pour mes chairs mortes de s’inanimer et de laisser les mortels refaire un peu du sang que nous leur prendrons la nuit prochaine...