Origine norvégiennes
Le plus lointain ancêtre connu d'Egill est son arrière-arrière-grand-père Ulfr Oargr, jarl et scalde dans le Naumudalr, dans le nord de la Norvège. Sa fille Hallbera donna son nom au fils qu'elle eut d'un certain Brunda-Bjalfi.
À l'époque où Haraldr Harfagr (à la Belle Chevelure - Haraldr Ier de Norvège) unifia de force le pays, Kveldulfr, père de Grimr, refusa de le servir et son premier fils paya cet affront de sa vie. Aidé de son second fils, Grímr le Chauve (Skallagrím), le vieux chef se vengea du roi avant de fuir la Norvège. Son idée était de se réfugier en Islande, une île tout récemment découverte, mais il mourut en cours de traversée. À sa demande, son cercueil fut jeté à la mer.
Jeunesse islandaise
Grímr s'installa en Islande, là où toucha terre le cercueil de son père. Il y établit le domaine de Borg, dans la région des Myrar dont il devint le chef. Il y accueillit beaucoup de monde dont son beau-père Yngvarr, un autre baron norvégien déchu, ainsi qu'un couple d'amoureux en fuite dont il recueillit la fille, Asgerdr. De son épouse Bera Yngvarrdòttir, Grímr ne garda que deux fils, Thórólfr d'abord et Egill ensuite.
Très vite, Egill se montra doué pour la poésie, la boisson et les conflits. D'une terrible violence, il tua un jour un compagnon de jeu qui l'avait maltraité et, plus tard, un intendant de son père. Comme il était devenu intenable, Grímr accepta qu'il accompagne son aîné à l'étranger pour aller y faire ses armes.
Avec Thórólfr
En Norvège, Egill ne tarda pas à se lier d'une amitié éternelle avec Arinbjörn dont Thórólfr épousa la cousine, cette Asgerdr qu'avait jadis adoptée Grímr le Chauve. Il devint également l'ennemi mortel du roi Erikr Blødox (à la Hache Sanglante) et de son épouse Gunnhildr. Obligés de fuir le pays comme l'avaient fait leurs ancêtres, Egill et Thórólfr partirent en expédition viking. Ils sévirent en Courlande (Lettonie), au Danemark (pillage de Lund) et dans le Flaemingjaland (Flandres).
Là, en 930, ils apprirent que le nouveau roi des Anglais, Adalsteinn (Athelstan) prenait à sa solde tous les hommes prêts à se faire du butin, tant étrangers qu'originaires du pays. L'Angleterre était chrétienne et son roi bon chrétien. Il demanda à Thórólfr et Egill de recevoir la prima signatio, coutume qui permettait aux marchands et aux gens à la solde des chrétiens d'entretenir toutes les relations qu'ils voulaient avec eux.
Egill et Thórólfr furent loyaux à Adalsteinn et l'aidèrent à combattre les chefs gallois, écossais et irlandais. En combattants intrépides et sans peur, à la tête de leurs gens, les deux frères firent la guerre comme de vrais héros du Nord, pour avoir une chance d'être choisis par les Valkyries s'ils venaient à tomber afin d'être amenés dans la Valhöll et y boire et manger et y guerroyer chaque jour pour la gloire d'Oðinn. Leur petite armée devint l'un des piliers d'Adalsteinn, qui le sauvant d'une embuscade, qui l'évacuant d'un champ de bataille défavorable.
Comme en 937, à la bataille de Brunanburh, en Nordimbraland, où les deux frères sauvèrent le flanc de l'armée du roi, lui permettant de remporter une première victoire contre les armées unies d'Olafr d'Irlande, Constantin d'Ecosse et Owen de Strathclyde. Mais la bataille reprit en pleine nuit contre le campement. Contre l'avis d'Egill, Adalsteinn le sépara de son frère. Bien qu'Egill fut en première ligne, ce sont celles de son aîné qui cédèrent dans un assaut des écossais et c'est la que de Thórólfr tomba.
Dans une gande confusion, Egill, vengeur, emmena ses troupes contre le flanc de la formation du roi Olafr. L'armée d'Adalsteinn le rejoignit bientôt et une grande hécatombe eut lieu. Le roi Olafr tomba là et Adalsteinn fut victorieux une deuxième fois le même jour. Son règne en fut consolidé et le Royaume d'Angleterre uni depuis lors.
Egill reçut deux coffres d'argent du roi comme compensation et épousa la veuve de son frère, Asgerdr, cousine d'Arinbjörn.
Bondí de Borg
De retour en Islande, bientôt père de famille, Egill hérita également des biens et fonctions de son père, décédé à cette époque. Des affaires d'héritage de son épouse le rappelèrent pourtant en Norvège où procès et duels s'enchaînèrent. Il tomba même un jour aux mains de son ennemi Erikr à York et ne sauva sa vie que grâce à l'intervention d'Arinbjörn et à un poème de louange à double sens, qu'Egill dû composer en une nuit. Lors de son tout dernier voyage, on le vit même percepteur d'impôts pour le roi Hàkon de Norvège. Il rentra ensuite définitivement en Islande où il maria ses enfants.
Disparition
Des malheurs frappèrent alors Egill. Il perdit un de ses fils de maladie et un autre se noya. Il voulut renier le dieu Oðinn et se laisser mourir de faim et de chagrin, mais sa fille Thorgerdr le convainquit d'écrire en l'honneur des disparus ce qui devint un des fleurons de la poésie scaldique. Il fit de même quand son ami Arinbjörn fut réputé tué aux côtés du roi Haraldr vers 960. À la mort d'Asgerdr, il laissa Borg et le titre de chef à son dernier fils Thorsteinn, qu'il n'aimait guère, et s'installa chez sa nièce à Mosfell. Ses seules consolations étaient son amitié avec le scalde Einarr Skallaglamm et une victoire en justice en faveur de son clan.
Après une dispute avec le maître de Mosfell, il ordonna à deux serviteurs de l'emmener avec ses deux coffres d'argent anglais vers une destination inconnue.
Sources :
- Saga Islandaises traduites par Régis Boyer
- Wikipédia