Bucheronage d'un hêtre (lances à pointe en argent), entraînement, début des cours de Latin: langue commune d'Orbe Noctis. Prime de succès pour la troupe, Malik et Olaf. Intégration de sept calices supplémentaires anciennement captifs des esclavagistes.
Nocte ambulamus - In vitae sublimamus - Nostris meritis redderemus
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Journal de Elisabetta di Domodossola
Livre: Détour par Burgos
10 octobre 1205
Par Elisabetta di Domodossola le 10 octobre 1205Arrivée à Burgos. Recherche des quatre italiens. Ils sont incarcérés pour blasphème et agression. Contact privé avec Simao. Ce jeune s'isole, il est ingénu et pas fait pour la guerre. Je me tiens à l'écart de cela pour le moment.
Livre: Le monastère de Ségovie
30 octobre 1205
Par Elisabetta di Domodossola le 30 octobre 1205Ségovie brûle. Du moins, en partie. Nous avons poursuivi nos actes de déprédation afin de retarder l'érection du monastère. Nous sommes rentrés sans encombre à notre petit campement.
Les flammes m'ont léché la peau mais ont réveillé ce soir une blessure plus profonde, moins visible. Ce feu que je chérissais tant, toujours changeant, jamais ce qu'il paraît, insaisissable, qui me guidais lorsque je craignais l'obscurité, ce feu là n'est plus capable de réchauffer mes chairs mortes. Plus que jamais je ressens la damnation éternelle à laquelle on m'a condamnée. Plus que jamais ce que l'on m'a volé me manque.
Et si finalement, la mort était un don ? Et si finalement face à cette certitude si nue, tout avait une saveur différente: la nourriture, la promesse d'un jour de plus; le feu, une douce sensation que l'on recherche.
Je ne constate aucun signe d'une telle attrition chez mes compagnons. Ils portent sur eux la fierté du puissant. Jamais ils ne défaillent. Alors que moi, je suis emportée par des tempêtes de sentiments, la passion m'ennivre. Mais peut-être me vourvoye-je. Inigo pense qu'à son départ, notre vie a vidé notre coeur, a tari notre capacité à aimer, que les vampires qui aiment ont créé des substituts à cette vacance, une forme pervertie singeant ce que nous ne savons plus ressentir, que les vampires qui n'aiment plus ont construit une défense pour ne pas faire face à cette forme que revêt leur malédiction.
Qu'ai-je donc vécu alors durant mes nuits à Saragosse en compagnie de Marcella ? Vécu... quelle ironie d'employer ce terme qui se moque bien de mon sort désormais. Qu'employer d'autre ? Traversé, partagé, expérimenté, pourrait dire Aleksandra. De pâles substitus pour des coeurs inertes, froids, mais toujours avides d'un sang que nos chairs ne gardent plus.
Dieu est un prétentieux qui n'a fait de sa création guère plus qu'un brouillon dans lesquelles de vraies forces surnaturelles se sont imiscées, insidieuses et malveillantes, répandant souffrances et décidant de nos sorts funestes.
J'ai besoin de sang, un calice fera l'affaire. Au moins, lui, ressentira quelque joie profonde à m'en faire don.
30 octobre 1205
Par Elisabetta di Domodossola le 30 octobre 1205Ségovie brûle. Du moins, en partie. Nous avons poursuivi nos actes de déprédation afin de retarder l'érection du monastère. Nous sommes rentrés sans encombre à notre petit campement.
Les flammes m'ont léché la peau mais ont réveillé ce soir une blessure plus profonde, moins visible. Ce feu que je chérissais tant, toujours changeant, jamais ce qu'il paraît, insaisissable, qui me guidais lorsque je craignais l'obscurité, ce feu là n'est plus capable de réchauffer mes chairs mortes. Plus que jamais je ressens la damnation éternelle à laquelle on m'a condamnée. Plus que jamais ce que l'on m'a volé me manque.
Et si finalement, la mort était un don ? Et si finalement face à cette certitude si nue, tout avait une saveur différente: la nourriture, la promesse d'un jour de plus; le feu, une douce sensation que l'on recherche.
Je ne constate aucun signe d'une telle attrition chez mes compagnons. Ils portent sur eux la fierté du puissant. Jamais ils ne défaillent. Alors que moi, je suis emportée par des tempêtes de sentiments, la passion m'ennivre. Mais peut-être me vourvoye-je. Inigo pense qu'à son départ, notre vie a vidé notre coeur, a tari notre capacité à aimer, que les vampires qui aiment ont créé des substituts à cette vacance, une forme pervertie singeant ce que nous ne savons plus ressentir, que les vampires qui n'aiment plus ont construit une défense pour ne pas faire face à cette forme que revêt leur malédiction.
Qu'ai-je donc vécu alors durant mes nuits à Saragosse en compagnie de Marcella ? Vécu... quelle ironie d'employer ce terme qui se moque bien de mon sort désormais. Qu'employer d'autre ? Traversé, partagé, expérimenté, pourrait dire Aleksandra. De pâles substitus pour des coeurs inertes, froids, mais toujours avides d'un sang que nos chairs ne gardent plus.
Dieu est un prétentieux qui n'a fait de sa création guère plus qu'un brouillon dans lesquelles de vraies forces surnaturelles se sont imiscées, insidieuses et malveillantes, répandant souffrances et décidant de nos sorts funestes.
J'ai besoin de sang, un calice fera l'affaire. Au moins, lui, ressentira quelque joie profonde à m'en faire don.
Livre: Le siège de Valence
18 novembre 1205
Par Elisabetta di Domodossola le 18 novembre 1205Nous voilà de nouveau sur les routes poussiéreuses d'Iberia. J'ai l'impression que cette poussière s'imisce jusque dans les veines de nos calices et rend leur sang âpre et épais comme un nectar.
Nous avons été reçus à la cour de monseigneur Monçada le 3e jour de ce mois. Sa cour avait déjà meilleure allure. Même son corps gras et disgrâcieux paraissait plus joli, vêtu d'une robe de service religieux. Il nous a reçu en privé pour nous charger de rejoindre le général Nastasio à la Reconquista de Valencia. Plus que confiant sur le dénouement de la "impreza", il nous a chargé de mettre la main sur l'un des seuls exemplaires de "Al quanum filtib", ouvrage de médecine, supposément enfoui quelque part dans la bibliothèque de Valence. Je suis sceptique quant à l'issue heureuse de cette requête: les guerres et les biblliothèques n'ont jamais fait bon ménage...
Nous avons consacré les deux semaines suivantes à préparer notre départ et à vaquer à nos occupations. Rory exerce toujours son castillan. Il a fait de certains progrès, mais son piètre accent a fini par me désintéresser de ses efforts et je laisse au scribe le soin de se perdre à lui enseigner les subtilités sonores de "la rosa" et de la "jota" !
J'ai eu besoin de repos et de vitae pour effacer le souvenir d'une méchante blessure physique. J'en ai aussi profité pour passer un peu de temps avec Malik. L'odeur de peau de ce noir me déplaît mais sa soif du pouvoir contenu dans mon sang m'excite. Nul doute que je tenterai de monter ce bel étalon, tôt ou tard.
Je passe le plus clair de mon temps à exercer les disciplines de l'obscur et des apparences. Je le fais en secret, et j'aurai bientôt un présent à offrir à Orbe Noctis: de quoi annoblir un peu "les lâches capacités qu'offrent l'Occultation", comme Rory les surnomme.
Abel est en retrait depuis que nous avons quitté Madrid. Peut-être y a-t-il un rapport avec l'arrivée inopinée (et déplorable) de Aleksandra. Je suis heureuse d'avoir nombre d'occupations car cela me détourne de la tragédie de sa présence. Cette être est mon opposée en tout. Elle ne connaît ni la grâce ni la beauté, ni l'amour ni le désir, ni le plaisir ni la joie. Elle est plus froide qu'un long hiver montagnard et plus laide qu'une nuit sans compagnie. Je ne comprends pas ses desseins. Elle s'isole dans la contemplation de ses "sciences" et n'a aucun attrait pour l'échange ou les sens. Fondatrice ou pas, j'espère qu'elle ne s'opposera pas à moi dans une situation difficile car mon innimité pourrait se muer en violence sourde, je le ressens.
La pluie s'est abattue des jours durant sur les pays d'Espagne. La poussière s'est changée en boue. La boue s'est changée en golem contrant notre progression et menaçant de dissoudre les chairs et le moral de la troupe que nous emmenons au grand abattoir de la guerre. Gâchis de sang et gâchis de temps. Puisse Orbe Noctis traverser ces événements grandie.